Hospitalisation
En juillet 2022, mon papa nous a quitté, non pas qu’il en ait fait le choix, mais il semblerait qu’une succession de décisions médicales ait provoqué son décès. En effet, il est interpellant de penser qu’il fut hospitalisé pour une chute sans gravité et qu’il n’est plus jamais ressorti de ses deux semaines d’hospitalisation.
Loin de moi l’envie de trouver un responsable et de pointer du doigt le corps médical, les politiciens ou la direction de l’hôpital. Néanmoins, à ce jour, le fonctionnement de nos soins m’interpelle fortement. Je n’ai, en effet, jamais vu une personne, autonome la veille de son hospitalisation, diminuer autant vite, médicament après médicament, traitement après traitement. Je ne souhaite pas accuser, mais je me questionne grandement sur la causalité adéquate qui semble pouvoir être établie.
Le plus déconcertant, dans cette expérience d’accompagnement d’un proche, fut de constater le manque de cohérence dans les propos du corps médical (transparence, contradictions, …), le manque d’empathie de la plupart du personnel soignant et le manque d’humanité envers NOS aînés.
- Lorsqu’un véhicule est en réparation, ne nous attendons-nous pas à ce que le garagiste engage tout son savoir et sa diligence afin de redonner pleine fonctionnalité à ce dernier ?
- De même, et toute proportion gardée, lorsque nous entrons dans un milieu hospitalier, au-delà des miracles et autres considérations, ne sommes-nous pas en droit de nous attendre à un traitement médical approprié et respectueux ?
Hippocrate
D’ailleurs, le serment d’Hippocrate, texte fondateur de la déontologie médicale, ne dit-il pas :
« Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. »
En 2017, l’ « Association Médicale Mondiale » a révisé la Déclaration de Genève de 1948 liée au serment d’Hippocrate, dans le but d’adapter ce serment aux défis auxquels doit faire face aujourd’hui la profession médicale. De même, la Fondation Dialog Ethik a élaboré, en coopération avec la FMCH, un nouveau serment dénommé «Serment suisse». De ces révisions ressortent des éléments importants, notamment:
« JE NE PERMETTRAI PAS que des considérations d’âge, de maladie ou d’infirmité, de croyance, d’origine ethnique, de genre, de nationalité, d’affiliation politique, de race, d’orientation sexuelle, de statut social ou tout autre facteur s’interposent entre mon devoir et mon patient; »
« J’EXERCERAI ma profession avec conscience et dignité, dans le respect des bonnes pratiques médicales; »
Mais la médecine étant exercée par des êtres humains, il est évident que ces notions seront appliquées de manière subjectives et que, malgré l’idéale de pratique auquel nous aimerions tendre, ce domaine restera faillible.
Lois
De plus, nos lois, à l’instar de la « Loi Valaisanne sur la Santé » et son article 34, empêche la famille d’accéder au dossier patient d’une personne décédée. Il n’est donc pas possible d’établir la lumière sur les pratiques médicales entreprises sans entamer des procédures pénales ou civiles, souvent coûteuses en temps, énergie et moyens financiers. Pourquoi de telles lois restrictives, de plus différentes entre cantons ? L’hypothèse du souhait de maintenir une omerta et un obscurantisme protecteur m’apparaît recevable.
Tous égaux
Depuis le départ de mon papa, j’ai eu de nombreuses occasions de raconter son parcours hospitalier à de nombreuses personnes. Force est de constater que tous ont une histoire similaire touchant un proche.
Le présent récit n’a aucunement pour but de révolutionner la médecine, mais il me semble primordial de nous élever contre cette médecine à deux vitesses (division publique et division privée), contre le manque de moyens mis à disposition (2 infirmières par nuit pour plus de 40 patients), contre un système médical global somme tout largement perfectible. Ne sommes-nous pas en Suisse, un des pays les plus riches au monde ? Ne devrait-il pas être normal de disposer d’un système hospitalier digne de ce nom et de considérer le patient avec respect et humanité ?
A refaire, j’éviterai d’hospitaliser une personne, âgée qui plus est. Quoiqu’il en soit, les milieux politiques et médicaux doivent entreprendre rapidement une mise à niveau du système tout en assurant la dignité humaine des patients.
Mon papa aurait mérité de pouvoir se laisser porter par le cours de l’existence et que son destin s’accomplisse pleinement, sans intervention humaine peut-être inappropriée.
Puisse son départ être le début d’un changement pour toutes les personnes hospitalisées.